Gaston Ferdière, c’est ce psychiatre inconnu qui a
reçu et soigné Antonin Artaud à l’hôpital de Rodez entre 1943 et 1946.
La mémoire collective a gardé de lui l’image tremblée d’un aliéniste
incapable de distinguer la littérature de la graphomanie, d’un
père-la-morale acharné à ramener Artaud au bercail de la raison
ordinaire. Autant de contresens. Homme sensible et cultivé, praticien
généreux et compétent, Ferdière n’a guère péché que par manque de
souffle poétique et de foi en lui-même. Poète mort sans œuvre et
psychiatre injustement désavoué, il nous laisse l’énigme d’une vie
ratée avec tant d’application qu’elle mérite, à coup sûr, le détour.