Les petits poissons argentés
Du fond des mers sont remontés
Répondre à ce que je voulais
La réponse des petits poissons était:
Alors j'ai écarté la mer
Je le leur redis une fois, je leur dis une seconde
Je pris une bouilloire neuve
Mon coeur fit hamp, mon coeur fit hump
Un, qui mit la tête dehors
«C'est pour voir si tu les réveilles,
Dodu Mafflu haussa la voix jusqu'à hurler en déclamant ces trois derniers vers,
Celui qui n'est pas ne sait pas
C'est à celui qui est à savoir
Lorsque l'être est ce qui s'effrite
Jamais plus tu ne seras quitte,
Les poissons de la mer sont morts
Dieu seul est ce qui n'obéit pas,
Ils souffrent ni vivants ni morts.
Mais enfin les obéissants vivent,
Ils vivent et n'existent pas.
Pourquoi? Il faut faire tomber la porte
L'Être est celui qui s'imagine être
Mais tout petit poisson le sait!
Il y eut une longue pause.
«Est-ce là tout? demanda Alice timidement.»flo le 30-11-2006 à 18:32:16 #
expo absolument géniale!!! allez tous la voir ; c'est très varié et un peu fou ce qui colle au personnage...
Artaud est né le 4 septembre 1896 à Marseille dans le milieu aisé de la bourgeoisie. Son père, Antoine Roi, était capitaine au long cours, et sa mère, Euphrasie Nalpas, est d'origine turque. Il connaît une petite enfance choyée dont il garde des souvenirs de tendresse, de chaleur. Mais cette enfance est perturbée par des troubles nerveux que l'on attribue à une méningite. Seuls les séjours dans la patrie de sa mère avec sa grand-mère le soulagent. La douleur physique ne le quittera plus, malgré des séjours répétés en maison de santé. Lorsqu'il a huit ans, il perd une petite sœur de huit mois. Cette découverte de la mort l'affecte profondément . A dix ans, il évite la noyade. Cet événement lui laisse une phobie de l'eau. Son éducation religieuse lui apportera une forte connaissance de la théologie catholique qu'on retrouve dans l'œuvre sous forme anecdotique et esthétique. A quatorze ans, il découvre Baudelaire. Il manifeste un goût pour le grec, le latin et l' histoire ancienne.
En 1920, il arrive à Paris et se met à écrire. Son premier recueil est refusé par l'éditeur Jacques Rivière et une correspondance commence entre eux : Artaud lui explique que son écriture est une lutte contre la pensée qui l'abandonne, le néant qui l'envahit. Rivière publiera leurs lettres dans La Nouvelle Revue française.
Le poète devient un moment le directeur de la Centrale du bureau des recherches surréalistes. Au cours de cette période, il écrira des scénarios de films et des poèmes en prose, et ainsi que plusieurs textes dans la révolution surréaliste.
Il est aussi acteur chez Charles Dullin où il dessine les costumes et les décors ; puis, à la Comédie des Champs Elysées, chez J. Hébertot. Au cinéma, il est, entre autres, Marat dans le Napoléon d'Abel Gance. Surtout, il fonde avec Roger Vitrac Le Théâtre Alfred Jarry et de 1927 à 1929, il y monte quatre spectacles, dont Victor ou les Enfants au pouvoir de Vitrac. Suivent les textes et manifestes réunis dans Le Théâtre et son double.
En 1936, Artaud part pour le Mexique et se rend à cheval chez les Tarahumaras pour y trouver « l'antique culture solaire » et du peyotl. Cette quête, écrira Sollers, est « la phase capitale de sa lutte pour faire renaître un corps dans la pensée. »
Un an plus tard, à son retour forcé d'Irlande, il sera interné pour avoir dépassé les limites établies de la marginalité. Il a passé neuf ans interné dans les asiles d'alienés. Cinquante-deux électrochocs vont achever de le briser physiquement. Ses amis obtiennent qu'il sorte de l'asile de Rodez. Il retourne à Paris où il vivra encore trois ans. Pendant cette periode il va produire l'émission radiophonique "Pour en Finir avec le Jugement de Dieu". Il est atteint d'un cancer diagnostiqué trop tard et meurt le 4 mars 1948.
Hypnotisé par sa propre misère, où il a vu celle de l'humanité entière, Artaud a rejeté avec violence les refuges de la foi et de l'art. Il a voulu incarner ce mal, en vivre la totale passion, pour trouver, au cœur du néant, l'extase. Cri de la chair souffrante et de l'esprit aliéné en un homme qui se veut tel, voilà le témoignage de ce précurseur du théâtre de l'absurde (Eugène Ionesco et Samuel Beckett) et de la cérémonie (Michel de Ghelderode ; Jean Genet).
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