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Artaud ce Mômo

posté le 19-11-2006 à 12:10:54

Ce poème est une sorte de réecriture du poème de Lewis Carroll

          Petit poème des poissons de la mer
     
    Je me suis penché sur la mer
    Pour communiquer mon message
    Aux poissons:
    «Voilà ce que je cherche et que je veux savoir.»


    Les petits poissons argentés

    Du fond des mers sont remontés

    Répondre à ce que je voulais


    La réponse des petits poissons était:

    «Nous ne pouvons pas vous le dire Monsieur
    PARCE QUE»
    Là la mer les a arrêtés.


    Alors j'ai écarté la mer

    Pour les mieux fixer au visageEt leur ai redit mon message:
    «Vaut-il mieux être que d'obéir?»


    Je le leur redis une fois, je leur dis une seconde

    Mais j'eus beau crier à la ronde
    Ils n'ont pas voulu entendre raison!


    Je pris une bouilloire neuve

    Excellente pour cette épreuve
    Où la mer allait obéir.


    Mon coeur fit hamp, mon coeur fit hump


    Pendant que j'actionnais la pompe
    À eau douce, pour les punir.


    Un, qui mit la tête dehors

    Me dit: «Les petits poissons sont tous morts.»


    «C'est pour voir si tu les réveilles,

    Lui criai-je en plein dans l'oreille,
    Va rejoindre le fond de la mer.»


    Dodu Mafflu haussa la voix jusqu'à hurler en déclamant ces trois derniers vers,

    et Alice pensa avec un frisson: «Pour rien au monde je n'aurai voulu être ce messager!»


    Celui qui n'est pas ne sait pas

    L'obéissant ne souffre pas.


    C'est à celui qui est à savoir

    Pourquoi l'obéissance entière
    Est ce qui n'a jamais souffert


    Lorsque l'être est ce qui s'effrite

    Comme la masse de la mer.


    Jamais plus tu ne seras quitte,

    Ils vont au but et tu t'agites.
    Ton destin est le plus amer.


    Les poissons de la mer sont morts

    Parce qu'ils ont préféré à être
    D'aller au but sans rien connaître
    De ce que tu appelles obéir.


    Dieu seul est ce qui n'obéit pas,

    Tous les autres êtres ne sont pas
    Encore, et ils souffrent.


    Ils souffrent ni vivants ni morts.

    Pourquoi?


    Mais enfin les obéissants vivent,

    On ne peut pas dire qu'ils ne sont pas.


    Ils vivent et n'existent pas.

    Pourquoi?


    Pourquoi? Il faut faire tomber la porte

    Qui sépare l'Être d'obéir!


    L'Être est celui qui s'imagine être

    Être assez pour se dispenser
    D'apprendre ce que veut la mer...


    Mais tout petit poisson le sait!

    Il y eut une longue pause.

    «Est-ce là tout? demanda Alice timidement.»
 


Commentaires

 
 
 
posté le 17-11-2006 à 19:02:21

expo Artaud

Pour ceux qui ont envie de le découvrir ou le redécouvrir,l'oeuvre d'Artaud est en ce moment en expo a la Bnf du 7 novembre au 4 février, je vous donne l'adresse pour plus d'infos http://www.bnf.fr/, cela se passe dans le site François-Mitterrand / Grande Galerie

Présentation de l'expo:

L'œuvre d'Antonin Artaud (1896-1948) occupe une position originale dans la première moitié du XXe siècle, au croisement de la littérature, du dessin, du théâtre, du cinéma et de la radio. L'hommage qui lui est rendu est l'occasion pour la BnF de rassembler l'essentiel de sa production littéraire, graphique et enregistrée : textes et cahiers conservés au département des Manuscrits et dessins issus des collections publiques et privées restituent la cohérence d'une pensée à travers ses différents moyens d'expression. Ces œuvres retracent les lignes de force de son évolution depuis les débuts littéraires et théâtraux dans les années 1920 jusqu'aux ultimes témoignages de 1947 et 1948. En préambule du parcours, des autoportraits invitent au face à face avec les visages de l'homme. Puis un couloir évoque l'itinéraire biographique d'Artaud, marqué par le délire, la médecine qui entend l'endiguer et l'insurrection contre toute mise au pas thérapeutique, esthétique et métaphysique. L'œuvre théâtrale, cinématographique et critique donne à voir et à entendre le prodigieux revers créateur de l'enfermement : passage(s) donc, singulier et multiple, de l'autre côté du miroir de la folie vers l'infini de l'œuvre, vers l'expérience poétique dans son indéfinissable étrangeté.

 




 


Commentaires

 

flo  le 30-11-2006 à 18:32:16  #

expo absolument géniale!!! allez tous la voir ; c'est très varié et un peu fou ce qui colle au personnage...

 
 
posté le 15-11-2006 à 23:04:07

Pour ceux qui s'intèresse à l'astrologie et à Artaud voilà un bon moyen de combiner les deux !

 


Commentaires

 
 
 
posté le 15-11-2006 à 22:57:26

Biographie tardive pour ceux qui ne connaissent pas du tout le personnage et qui veulent en savoir plus...

Artaud est né le 4 septembre 1896 à Marseille dans le milieu aisé de la bourgeoisie. Son père, Antoine Roi, était capitaine au long cours, et sa mère, Euphrasie Nalpas, est d'origine turque. Il connaît une petite enfance choyée dont il garde des souvenirs de tendresse, de chaleur. Mais cette enfance est perturbée par des troubles nerveux que l'on attribue à une méningite. Seuls les séjours dans la patrie de sa mère avec sa grand-mère le soulagent. La douleur physique ne le quittera plus, malgré des séjours répétés en maison de santé. Lorsqu'il a huit ans, il perd une petite sœur de huit mois. Cette découverte de la mort l'affecte profondément . A dix ans, il évite la noyade. Cet événement lui laisse une phobie de l'eau. Son éducation religieuse lui apportera une forte connaissance de la théologie catholique qu'on retrouve dans l'œuvre sous forme anecdotique et esthétique. A quatorze ans, il découvre Baudelaire. Il manifeste un goût pour le grec, le latin et l' histoire ancienne.


En 1920, il arrive à Paris et se met à écrire. Son premier recueil est refusé par l'éditeur Jacques Rivière et une correspondance commence entre eux : Artaud lui explique que son écriture est une lutte contre la pensée qui l'abandonne, le néant qui l'envahit. Rivière publiera leurs lettres dans La Nouvelle Revue française.

Le poète devient un moment le directeur de la Centrale du bureau des recherches surréalistes. Au cours de cette période, il écrira des scénarios de films et des poèmes en prose, et ainsi que plusieurs textes dans la révolution surréaliste.

Il est aussi acteur chez Charles Dullin où il dessine les costumes et les décors ; puis, à la Comédie des Champs Elysées, chez J. Hébertot. Au cinéma, il est, entre autres, Marat dans le Napoléon d'Abel Gance. Surtout, il fonde avec Roger Vitrac Le Théâtre Alfred Jarry et de 1927 à 1929, il y monte quatre spectacles, dont Victor ou les Enfants au pouvoir de Vitrac. Suivent les textes et manifestes réunis dans Le Théâtre et son double.


En 1936, Artaud part pour le Mexique et se rend à cheval chez les Tarahumaras pour y trouver « l'antique culture solaire » et du peyotl. Cette quête, écrira Sollers, est « la phase capitale de sa lutte pour faire renaître un corps dans la pensée. »

Un an plus tard, à son retour forcé d'Irlande, il sera interné pour avoir dépassé les limites établies de la marginalité. Il a passé neuf ans interné dans les asiles d'alienés. Cinquante-deux électrochocs vont achever de le briser physiquement. Ses amis obtiennent qu'il sorte de l'asile de Rodez. Il retourne à Paris où il vivra encore trois ans. Pendant cette periode il va produire l'émission radiophonique "Pour en Finir avec le Jugement de Dieu". Il est atteint d'un cancer diagnostiqué trop tard et meurt le 4 mars 1948.


Hypnotisé par sa propre misère, où il a vu celle de l'humanité entière, Artaud a rejeté avec violence les refuges de la foi et de l'art. Il a voulu incarner ce mal, en vivre la totale passion, pour trouver, au cœur du néant, l'extase. Cri de la chair souffrante et de l'esprit aliéné en un homme qui se veut tel, voilà le témoignage de ce précurseur du théâtre de l'absurde (Eugène Ionesco et Samuel Beckett) et de la cérémonie (Michel de Ghelderode ; Jean Genet).


« Nous ne sommes pas libres. Et le ciel peut encore nous tomber sur la tête. Et le théâtre est fait pour nous apprendre d'abord cela. » (A. Artaud)
 


Commentaires

 

artaud  le 19-11-2006 à 10:59:58  #   (site)

je trouve qu'il a une tête de mort sur cette photo, on dirait qu'il nous regarde de l'au delà c'est assez inquiètant...

 
 
posté le 14-11-2006 à 14:27:09

Evocation d'Artaud toujours par André Masson



"Oublier le nom des choses que l'on voit"
 


Commentaires

 

serge  le 16-11-2006 à 22:05:13  #   (site)

Je vois que ton blog avance. bravo.
j'ai récemment publié 2 billets sur Artaud: un sur les Glossolalies, l'autre sur la séance du vieux colombier.
je vais te mettre en lien sur mon blog.
A+

 
 
 

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